19/09/2016

Les Etats d'âmes de Mme Butterfly : La maison de Claudine, de Colette



Je suis une fidèle lectrice de Colette et n'aurai pas la prétention de poster une critique de son oeuvre ou d'un de ses romans.
Je voudrais simplement vous faire partager mes émotions à la lecture de "La maison de Claudine" qui pour moi, est l'un de ses plus beaux livres.
Réparti en 35 chapitres, ce livre de nouvelles nous fait partager ses souvenirs d'enfance, sa maison , sa famille, mais surtout sa mère, Sido tant aimée.
Il fait également la part belle aux animaux, que Colette aimera  autant que sa mère.

Dans la première nouvelle "Où sont les enfants ?", Colette décrit sa maison et son jardin, ou plutôt ses deux jardins, le Jardin-du-Haut et le Jardin-du-Bas. Une maison qu'elle décrit comme boiteuse, comme son père "Le Capitaine", unijambiste : "une maison bourgeoise de vieux village,  mais la roide pente de la rue bousculait un peu sa gravité, et son perron boitait, quatre marches d'un côté, six de l'autre". Sido appelle les enfants et s'inquiète, même après sa mort ; "...elle erre et quête encore, invisible, tourmentée de n'être pas assez tutélaire : "Où sont, où sont les enfants ? ...".

Colette évoque également la jeunesse de sa mère, l'arrivée dans sa vie du "sauvage", le premier mari de Sido. La fille aînée de Sido "Ma sœur aux longs cheveux", qui passe ses journées couchée, à lire. Elle évoque aussi la petite fille qui rêve de longs voyages, mais qui, se rendant compte que la lumière du salon vient de s'allumer "goûte la condition délicieuse d'être...une de celles qui limitent leur univers... au cirque de clarté épanoui sous une lampe et que traverse, tirant un fil, une main bien-aîmée, coiffée d'un dé d'argent".

Dans "Ma mère et les bêtes", Colette nous décrit son retour d'un voyage à la capitale. 
Repue de théâtres, de musées, d'emplettes, elle rentre chez elle et apprend que "Nonoche aux trois couleurs avait enfanté l'avant-veille, Bijou sa fille, la nuit d'après"...
"Je courus à la grande corbeille débordante de chats indistincts... un tout petit chat tavelé comme une genette et qui dormait, repus, le ventre en  l'air sur ce désordre, semblait assassiné...".

Je ne citerai pas "La noce", ni "Bâ-Tou", ni les autres nouvelles qui composent ce livre. 
Elles sont plus belles et plus poétiques les unes que les autres. Nul besoin d'écrire en alexandrins pour écrire de belles choses ! Les mots sont choisis avec soin, exprimant au mieux les sentiments, les souvenirs, les sensations, les senteurs qui ont enchantées son enfance.

Je lis et relis inlassablement quelques uns des plus beaux livres écrits par Colette et je ne m'en lasse pas. Elle est certainement un écrivain de la nostalgie, un peu comme l'était Proust, mais sans snobisme, avec un naturel et une facilité déconcertants.


Albert Cohen







16/09/2016

Casino, réalisé par Martin Scorcese


Les années 70, Las Vegas, une étoile au milieu du désert. 

C'est dans ce paysage lunaire et irréel que règne Sam "Ace" Rothstein, patron du Tangiers, un magnifique casino. Son ami d'enfance Nick a été envoyé sur place par la pègre italienne pour veiller sur sa personne et surtout sur les montagnes d'argent qu'il leur fait gagner.

Une nuit,  il a le coup de foudre pour une très belle arnaqueuse... et décide rapidement de l'épouser arrivant à la convaincre à coup de dollars, de bijoux et de manteaux de fourrure.

C'est le début de la fin pour ces arnaqueurs !

C'est en fan quasi inconditionnelle de Robert De Niro que j'ai regardé ce film ; De "Voyage au bout de l'enfer" en passant par "Taxi Driver" ou "Raging Bull",  De Niro est un vrai caméléon et se fond dans ses personnages avec une facilité déconcertante. 
Dans "Casino", il est tout à fait à sa place, avec ses costumes clinquants ou pastels, assortis à ses chaussures vernies. De son côté, Joe Pesci se déchaîne, en petit truand ambitieux, capable d'une violence démesurée. Sharon Stone n'est pas en reste, très en beauté, mise en valeur par ses magnifiques costumes et coiffures endossant un rôle alternant la flamboyance et la déchéance d'une femme.
Un jeu d'acteurs époustouflant !

Un film réalisé par Martin Scorsese, digne du "Parrain", avec une BO envoutante, alternant le blues, la soul, le disco. 
Champagne, dollars, coke, visons et zibeline ; Les têtes tournent, comme la roulette du casino, qui décide du sort de ceux qui misent tout sur une couleur. 

Du grand art...



08/09/2016

Mystic River, réalisé par Clint Eastwood


Ce film de Clint Eastwood, récompensé  par deux Oscars, met en scène trois amis d'enfance que la vie
n'a pas épargnés.
Jimmy Markum, Dave Boyle et Sean Devine ont grandi ensemble dans les rues d'un quartier difficile
de Boston.

Un jour que les trois copains jouent dans la rue, Dave se fait enlever par un inconnu, sous les yeux 
impuissants de ses copains. Il passera plusieurs jours avec des pédophiles avant de réussir à se sauver.

Après ce drame, leurs routes se séparent ;  Jimmy passe par la case prison, Sean s'engage dans la police
et Dave ne sera plus jamais que l'ombre de lui-même.

Des années plus tard, un nouveau drame remet soudain les trois hommes en présence : la fille de 19 ans 
de Jimmy, Katie, est assassinée. Sean mène l'enquête criminelle.
La nuit du drame, Dave est rentré chez lui couvert de sang et incapable de donner une explication crédible
à sa femme. Celle-ci, apeurée, ne tarde pas à se confier à Jimmy. Celui-ci demande à ses hommes de 
main d'aller interroger les éventuels témoins et de trouver le coupable.

Jimmy (Sean Penn) crève l'écran par son charisme, sa violence dans son chagrin, son instinct de 
survie, sa carrure de chef de clan, familial et mafieux.

Encore une fois, Clint Eastwood nous éblouit avec sa  manière bien à lui de mener ses acteurs ; il réussit
à obtenir de Sean Penn une sacrée performance entre violence et sensibilité, performance qui le porte
au niveau d'acteurs "culte" -pour moi- tels que Al Pacino ou Robert de Niro. 

Enfin et vous l'aurez bien compris, je suis un peu "fan" de Sean Penn. Et encore une fois, ce film est tiré
d'un roman de Dennis Lehane...




17/08/2016

Le Dahlia Noir, Brian de Palma


Ce film policier de Brian de Palma, "maître du suspense", met en scène deux flics de Los Angeles dans les années 40, Dwight Bleichert dit "Bucky" et Leland Blanchard, "Lee", surnommés également Monsieur Feu et Monsieur Glace par leurs collègues du LAPD, après un match de boxe plutôt mouvementé.

Les deux inspecteurs doivent résoudre l'affaire de l'année, à savoir la découverte d'un cadavre de femme horriblement mutilé. Cette histoire, inspirée d'un faits divers réel, fait couler beaucoup d'encre, la Police doit démasquer le tueur sous une semaine. La jeune victime s'appelle Elisabeth Short ; elle est connue sous le nom du "Dahlia Noir". 

On découvre toute la noirceur de cette société d'après-guerre qui veut toujours plus ! Plus d'argent, plus de sexe, plus de musique. Los Angeles (et ses studios de cinéma) semble attirer à elle les jolies femmes en quête de gloire comme les papillons sont implacablement attirés par la lumière.

A travers l'enquête criminelle menée par nos deux héros, Brian de Palma restitue avec bonheur l'ambiance des années 40. Tout y est, le jazz, les décors, l'architecture, la mode mais aussi les bagarres, la violence, les trafics en tout genre, le racisme.

C'est également un plongeon dans le parcours personnel de ces deux héros, liés par leur travail commun mais aussi par une femme, Kay, interprétée avec beaucoup de classe par la très blonde Scarlett Johansson.


Un beau policier, traité comme un magazine de mode !


Ténèbres, prenez-moi la main, Dennis Lehane



Décidément, je suis abonnée aux livres de Lehane...
Après Shutter Island et Mystic River, Dennis Lehane nous replonge dans son univers de prédilection, avec ce roman "noir" qui met en scène un duo de détectives privés, Patrick Kenzie et Angela Gennaro.


Alertés par la psychiatre Diandra Warren qui a reçu des menaces, le tandem se lance à la recherche d'un tueur extrêmement violent et très rusé. 

Cette enquête va les mener par le bout du nez, les traînant à travers les rues de Boston, sur les traces de leur enfance et de leurs copains d'enfance qui comme eux, ont connu la rue pour tenter de fuir un foyer familial déficient. 
Certains s'en sont sortis, comme eux, cahin-caha et avec des bleus à l'âme ; d'autres sont tombés de l'autre côté du mur, du côté sombre de la délinquance, des magouilles en tout genre et de la violence.

Outre l'intrigue policière très fouillée, qui nous tient en haleine du début à la fin, ce roman nous démontre -si besoin était- que l'on traîne toujours son enfance et ses secrets comme un boulet au bout de notre jambe.

J'avais -une fois n'est pas coutume- pressenti l'identité du tueur avant les dernières pages !  Il n'en reste pas moins que c'est avec beaucoup d'appréhension que j'ai tourné ces pages, angoissée par la vérité que j'allais y trouver. 
Nos émotions sont soumises à rude épreuve à côtoyer ainsi la peur, l'amour et la violence.

Un très bon roman policier avec un duo de choc de détectives qui se connaissent depuis toujours et qui sont, je l'ai appris en me documentant sur l'auteur, le tandem choc de détectives privés que Lehane a choisis pour ces cinq premiers romans, d'Un dernier verre avant la guerre jusqu'à Prières pour la pluie.



05/06/2016

Shutter Island, Dennis Lehane


Septembre 1954 : le Marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck arrivent par bateau sur "Shutter Island", au large de Boston ; c'est un hôpital psychiatrique pour assassins et malades dangereux. Ils sont mandatés par les autorités de cette hôpital-prison, car l'une des patientes, Rachel Solando, manque à l'appel.

L'enquête policière commence alors, à la recherche de cette patiente, qui s'est enfuie alors que sa cellule était fermée à clé de l'extérieur.
Les deux policiers font le tour de l'île, découvrent un cimetière, des falaises escarpées, un phare abandonné et essaient de décrypter le seul indice que Rachel ait laissé : une simple feuille de papier sur laquelle est écrite une suite de chiffres et de lettres apparemment incohérente.

Progressivement, entre interrogatoires des derniers patients à avoir vus Rachel et entretiens avec médecins et aide-soignants, on découvre un monde secret et angoissant... Il semblerait qu'il y ait un mystère sur "Shutter Island", mais lequel ?

Ce roman fait plus qu'évoquer la psychiatrie des années 50 qui arrive à un tournant ; la lobotomie trans-orbitale pratiquée à outrance en psychochirurgie pour traiter les maladies mentales, telles que la schizophrénie, l'épilepsie, et même les maux de tête chroniques vit ses derniers jours.
En effet, l'arrivée des premiers neuroleptiques, du traitement par le lithium et des premiers antidépresseurs va mettre fin à cette pratique d'un autre âge.

C'est avec un rythme haletant que Dennis Lehane (qui nous avait déjà largement bluffés avec "Mystic River") nous fait voyager dans le présent et dans le passé du Marshal Teddy Daniels, nous laissant entrevoir un bout de vérité avant de le cacher à nouveau par un épais rideau. 

J'avais déjà vu l'adaptation cinématographique du roman ; cela m'a aidé à entrevoir "une certaine vérité", car je pense qu'il n'y a pas qu'une seule solution à ce mystère ! Chacun peut y voir ce qu'il veut. 


29/05/2016

Ambulance 13, Patrice Ordas, Alain Mounier, Sébastien Bouet


Je termine la lecture des tomes 5 et 6 de cette superbe série... le jour où la France et l'Allemagne commémorent le centenaire de la bataille de Verdun !

Le 22 janvier 1963, le Général de Gaulle et le Chancelier allemand Adenauer avaient signé un traité, entérinant la relation de confiance et d'amitié qui s'est instaurée entre les anciens ennemis héréditaires, à peine dix ans après le début de la réconciliation, amorcée par la déclaration Schuman de 1950 et actée par la création de la Communauté économique européenne en 1957. 

Cette réconciliation enterre définitivement une période sombre qui aura coûté la vie à des millions de soldats français et allemands. 

2016 marque l'inauguration du Mémorial de Verdun.  Un devoir de mémoire, une nécessité de pardonner l'impardonnable, sans oublier l'horreur de cette guerre.

Ces tomes 15 et 16 d'Ambulance 13 dépeignent toujours l'enfer des tranchées, avec l'arrivée des américains en 1917 et leurs armées "indigènes" de soldats amérindiens, aussi mal considérés que nos tirailleurs sénégalais. Ils ne font même pas partie de l'effectif officiel de l'armée américaine... Les tueries entre indiens et soldats bleus ne sont pas si lointaines et les américains envoient les indiens au massacre !

Et toujours ce même aveuglement des Etats majors qui semblent donner des ordres complètement à côté de la réalité du terrain... Nos poilus l'appelaient "La der des ders"... Il semblerait qu'ils aient eu tort... 
Comme l'a si bien écrit Georges Clémenceau en 1886: "La guerre ! c'est une chose trop grave pour la laisser à des militaires" .

Les guerres continuent et des hommes et des femmes souffrent dans le monde entier, sous l'indifférence presque totale, malgré l'avalanche d'informations dont nous disposons actuellement, en temps réel. 




01/05/2016

L'Ambulance 13, Cothias, Ordas, Mounier


Tout juste diplômé de la Faculté de Médecine, Louis-Charles Bouteloup se retrouve sur le front début 1916. Il commande une ambulance mobile dont les infirmiers sont connus autant par leur courage que par leur irrespect pour la hiérarchie militaire. Il vient en remplacement du Docteur Jaquin, qui vient de se faire tuer au front et qui avait su se faire respecter et aimer par ses infirmiers... 
La tâche est rude pour Louis-Charles.


Il fait la connaissance d'une jeune sœur infirmière, Isabelle de Ferlon, qui l'assiste sur les tables d'opération. Cette jeune femme apporte un peu de soleil à tous les soldats, confrontés à l'horreur du champ de bataille et à la violence des affrontements dans les tranchées ou dans le no man's land. 


Comme dans la plupart des guerres, les ordres tombent comme des couperets, mènent les hommes à l'abattoir et sont suivis de contrordres. Cela donne l'impression que l'Etat Major joue avec ses hommes comme avec des soldats de plomb, les déplaçant au gré de ses envies, sur le grand échiquier de la guerre.

Les dessins sont superbes ; ils décrivent avec une grande précision les tranchées,et les conditions de vie des poilus. Les couleurs sont explicites, le gris pour les tranchées, le rouge pour la violence des obus et des blessures.
Les textes ne sont pas en reste : "Au nord, l'enfer se rapproche... Ils sont isolés, à quelques mètres des troisièmes lignes qui, bientôt, seront sans doute les premières, avec quelques hommes chargés d'endiguer une marée qui les contournera peut-être comme la mer le fait d'un château de sable avant de s'abattre sur le village...".


J'attends de lire la suite avec impatience.

22/04/2016

Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand


Poète, homme d’esprit et Capitaine des Cadets de Gascogne, Cyrano de Bergerac ne manque pas de panache ; c'est même là sa signature.  
Affublé d'un nez démesuré et inqualifiable, il se croit laid et semble avoir renoncé à l'amour. Il n'ose pas avouer à sa cousine Roxane ce qu’il éprouve pour elle car elle lui annonce qu'elle est tombée amoureuse du Baron Christian de Neuvillette, qui vient d'intégrer la troupe des Cadets de Cyrano. 
Autant Cyrano n'a pas de succès auprès des femmes, autant Christian est très bel homme, quoique peu cultivé. Sachant que Roxane, précieuse, attendra que Christian lui déclare sa flamme avec verve, Cyrano lui propose un pacte dangereux ; permettre à Christian de faire sa cour à la belle, avec ses mots à lui.  
Commence alors une véritable "joute verbale", dans laquelle Cyrano exprime ses propres sentiments pour servir son rival.  
Éminemment romantique, "Cyrano de Bergerac" exalte la passion amoureuse, la poésie et tout ce qui fait de ce héros un homme extraordinaire de par l'étendue de son intelligence, de son courage, de son sens de la justice... La tirade du "nez" est devenue incontournable et je ne prendrai que la fin de cette prouesse :
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.

A lire, relire, sans retenue... (Critique faite à 4 mains avec Marine)





"Depuis huit jours, je règne et jusqu'à ce jour,
Qu'ai-je fait pour l' honneur ? J'ai tout fait pour l'amour".
 Bérénice - Racine








15/04/2016

Madame Butterfly, Puccini



Dans une période marquée par un engouement pour l’Extrême-Orient, Puccini se plonge dans la pièce de David Belasco. On se souviendra également de la parution de "Madame Chrysanthème" en 1887, par Pierre Loti. Ce nouveau siècle est féru d'exotisme et de découvertes.

Si la musique et la mise en scène s'inspirent largement du folklore japonais pour notre plus grand plaisir avec kimonos, éventails, pivoines..., Puccini brosse surtout un portrait de femme intemporel, une femme désespérée et bouleversante de justesse et de sensibilité. Présenté à la Scala de Milan en 1904, ce drame de l’amour et de l’attente reste l’un des opéras les plus populaires du répertoire.

En japonais, « papillon » se dit « Cio Cio San ». C’est aussi le prénom de l’héroïne de l’opéra ; Butterfly étant le surnom que lui a donné l’officier américain Pinkerton, son "mari" d'un soir.

Alors que Madame Butterfly prend ce mariage très au sérieux, allant jusqu'à renier sa religion et ses traditions ancestrales, le jeune officier n'y voit qu'un jeu. Après une nuit d'amour, il reprend la route des Etats-Unis, abandonnant Madame Butterfly.
Trois ans ont passé, durant lesquels elle a attendu chaque nuit son retour.

Lorsqu'il revient à Nagasaki, il n'a pas l'intention de revoir sa "mariée" exotique... Mais le consul l'informe que Madame Butterfly a eu un petit garçon de leur union et il décide alors de la revoir.

C'est accompagné de sa femme américaine que Pinkerton, devant le désespoir de Butterfly, prend enfin conscience de sa légèreté et des conséquences qu'elles ont entraînées. Madame Butterfly confie son petit garçon à cette femme qu'elle ne connaît pas mais qui s'en occupera convenablement et se suicide. Pinkerton n'a plus qu'à pleurer sur son inconséquence.

C'est peu dire que la musique est grandiose, que les décors sobres mettent justement en valeur la couleur de la passion amoureuse. Le solo de Madame Butterfly lors duquel elle avoue guetter chaque nuit le retour de son mari est tout simplement déchirant. Personnellement, j'ai été très émue lors de ce passage, pensant à mon tour à toutes les femmes qui attendent le retour d'un homme qui ne reviendra pas.
Pinkerton avait expliqué à Madame Butterfly qu'aux Etats-Unis, on épinglait les papillons sur des cartons pour qu'ils ne puissent jamais s'échapper. Je crois qu'il a réussi à ajouter ce très joli papillon à sa collection.

21/03/2016

Les douze enfants de Paris, Tim Willocks


Paris août 1572 ; un cavalier arrive aux portes de Paris dans une ambiance un peu particulière. Mattias Tannhauser, chevalier de l'Ordre de Malte, se perd bientôt dans les ruelles putrides, à la recherche de sa femme. Carla, sur le point d'accoucher a accepté l'invitation au mariage de Marguerite de Valois et d'Henri de Navarre. Il est à Paris pour la retrouver.

Dans cette cité fébrile, déchirée entre protestants et catholiques, entre quartiers riches bien gardés et cloaques où toute violence est permise, l'imminence d'un massacre dépassant tout entendement semble inévitable.

Mattias Tannhauser se retrouve face à des interrogations sans réponse, dans une ville qui se délite et où bientôt les corps seront jetés par les fenêtres et mutilés. Pas de quartier ; les enfants ne sont pas épargnés.

A la tête d'une "armée" de laissés pour compte aux caractères bien trempés, il va tenter de sauver Carla de cet enfer. On voit bien que l'auteur s'est bien documenté sur cette sombre période de la Saint-Barthélémy, les lieux, les descriptions sont époustouflants de détails. L'écriture est classique, bien écrite. Le fait qu'il soit également médecin de formation nous apporte moult détails anatomiques sur les blessures qu'il inflige à ses assaillants.

C'est sanglant ! C'est prenant ! Et d'autant plus impressionnant que j'ai eu le privilège de le rencontrer, lors des Etonnants Voyageurs à Saint-malo et qu'il est très charismatique.

07/03/2016

L'Évasion T1: Journal d'un condamné, Berthet One


C'est avec un plaisir particulier que j'écris ce commentaire sur la BD de Berthet One ; en effet, j'ai eu l'occasion de le rencontrer à Saint-Nazaire, dans une Maison de quartier où il animait un stage BD pour les jeunes, via son association "Makadam".
Berthet One signe là un premier album intitulé « L’évasion », une bande dessinée qui a été pour lui une manière comme une autre de s’évader de son quotidien carcéral. Berthet One est un homme avec un parcours atypique. Quelques écarts, une jeunesse passée dans une banlieue ghetto de la région parisienne et c'est un passage par la case prison. Paradoxalement, c'est durant les 4 années de sa peine que Berthet va préparer son avenir : il reprend des cours, passe son Bac, un BTS et se remet alors à dessiner un peu partout.

Remarqué au sein même de la prison, le buzz commence pour faire passer Berthet au rang d’artiste et d’homme libre.
Sa BD est très sympa, très cash ; il parle de tous les sujets, tels que les parloirs, les fouilles au corps, les co-détenus dangereux, le manque de rapports sexuels... Tout y passe, avec beaucoup d'humour et des dessins super chouettes.

A sa sortie de prison, il est exposé dans une galerie parisienne des beaux quartiers et s'étonne de voir que des gens riches paient pour avoir ses dessins.
Lors de son passage à Saint-Nazaire, j'ai rencontré un homme chaleureux, soucieux de faire partager son expérience avec les jeunes et de leur expliquer que la prison est bien loin  d'être une expérience intéressante. Un homme "humain" et très doué ! 

Une rencontre très sympathique et une découverte d'écriture et de dessin qui vaut le détour.

31/01/2016

Turandot, Puccini


Turandot est un opéra en trois actes et cinq tableaux de Giacomo Puccini. Ce sera sa dernière oeuvre, Puccini étant décédé alors que la dernière scène était inachevée.

Dans une Chine médiévale, la cruelle princesse Turandot dont la beauté est légendaire attire de nombreux prétendants qui doivent élucider les trois énigmes que leur propose la princesse. S'ils y parviennent, ils gagnent la main de celle-ci ainsi que le trône de Chine ; s’ils échouent, ils sont condamnés à mort.
Au moment de l’exécution du malheureux prince de Perse, le prince Calàf retrouve dans la foule son père, roi déchu en exil et devenu aveugle, ainsi que sa jeune guide Liú qui aime le prince en secret. Lorsque Turandot apparait, ce dernier en tombe immédiatement amoureux et décide d'être candidat aux énigmes.

Puccini nous régale avec des décors somptueux d'une Chine ancienne, des costumes époustouflants. La musique bien sûr est à la hauteur de nos attentes : haute en couleurs et riche en sonorités orientales, elle nous transporte dans un autre monde.
L'histoire d'amour entre la cruelle princesse et le jeune prince est extrêmement romantique et l'on ne peut retenir quelques larmes au dernier acte, lorsque le prince Calàf entonne le célèbre air "Nessun dorma"...
Du bonheur à l'état pur et la grande maîtrise des italiens en matière d'opéra.


14/01/2016

Vernon Subutex, Virginie Despentes




Vernon Subutex est un ancien disquaire parisien, quadragénaire, porte parole d'une certaine culture rock pure et dure. Avec l'arrivée des CD, d'Internet, il perd ses clients, sa boutique, ses amis.
Après avoir squatté un temps chez ses copains d'enfance, avec lesquels il avait créé un groupe de rock, il se retrouve rapidement à la rue, avec les clochards de Paris. Apprenant la mort d'un de leurs amis communs, star de la chanson pop, les anciens du groupe de Vernon partent à sa recherche, pour tenter de mettre la main sur des enregistrements "testament" de la "star" que Vernon a récupérés.
Rapprochement improbable entre un SDF rêveur, des anciennes gloires du porno, d'un ancien copain sympa mais qui boit trop et cogne sur sa femme, un producteur salopard sans scrupule, des trans. Plus encore que cette recherche d'enregistrements à travers Paris et le quartier des Buttes Montmartre en particulier, tous ces losers -chacun à leur manière-, semblent être "A la recherche du temps perdu", à savoir il y a vingt ans, quand ils étaient jeunes, beaux et talentueux et qu'ils étaient persuadés de devenir des rock stars.
Un Despentes plus mature - j'avais déjà lu "King Kong Theorie", un roman très bien écrit, émaillé bien sûr de phrases "coup de poing", mais également une vision très nette de la cruauté du monde actuel où il faut être jeune, mince, beau et riche pour avoir sa place.